Amoureux des lapins fuyez ! Après la lecture de ces trois tomes, plus jamais vous ne pourrez considérer vos amis poilus du même œil… On s’imagine bien trop vite que rien n’est aussi idyllique que la vie d’une petite boule de poils et pourtant… En 300 dessins, Andy Riley fait le tour de toutes les méthodes possibles et (in)imaginables pour un lapin déterminé (et un chouia désespéré) de mettre fin à ses jours.

Auteur, dessinateur, scénariste pour la BD et la télévision, Andy Riley est né en 1970 et sait à peu près tout faire. Et comme en plus il est britannique, il possède un humour incroyable.

Comme en général tout ce qui est publié chez Chiflet et Cie (la maison d’édition du génialissime pasticheur Pascal Fioretto), Le coup du lapin détone. Certes, le thème peut laisser perplexe. Après tout, on ne s’attend guère à voir un lapin faire aussi désespérément des pieds et des mains (pardon, des pattes avant et des pattes arrière) pour mettre fin à ses jours. Commence-t-il à penser, à l’instar de ce cher Woody Allen, que « l’éternité c’est long, surtout vers la fin » ? On ne le saura jamais. Toujours est-il qu’avec une économie du mot admirable, Andy Riley met en scène des stratagèmes de mise à mort d’une ingéniosité diabolique. On s’attend rarement à pouvoir rire d’un tel sujet, mais humour anglais oblige (et Dieu sait que l’anglais est un virtuose en la matière, oscillant avec un génie rare entre l’absurde et la subtilité), il serait presque indécent de ne pas laisser échapper un gloussement ahuri et réjoui à chaque nouvelle page tournée. Car c’est là toute la beauté des illustrations d’Andy Riley : au burlesque se dispute l’improbable, et entre deux références culturelles absolument savoureuses, c’est toujours pris au dépourvu qu’on finit par s’esclaffer comme on savourerait une friandise.

On pourrait craindre (je le confesse, c’était mon cas) que trois tomes plus tard, la recette ne fasse plus effet, et pourtant force est de constater que peu importe le mode de consommation (à la chaîne, de préférence dans un endroit public où tout le monde vous regarde glousser d’un air à la fois pincé et réprobateur -et vaguement envieux, sans le moindre doute !- ou par petites doses, lors de baisses de moral), la magie ne cesse d’opérer et revivifie le lecteur moyen avec la même efficacité qu’une bonne tablette de chocolat un soir de pluie (les problèmes de poids en moins).

Petit bonus, qui saura faire le bonheur des fétichistes d’accessoires poilus et autres célibataires en mal d’affection, le coffret de l’intégrale est agrémenté d’une magnifique paire d’oreilles toutes douces et poilues.