Ras le pompon des vêtements sans âme produits à la chaîne dans des conditions pas toujours glorieuses ? Le cœur déchiré de voir la planète fatiguée à cause d’une filière textile polluante qui ne s’adapte pas à sa fragilité ? Le moral fripé d’acheter (certes à bas prix, mais pas toujours) des fringues qui ne durent pas plus d’un ou deux lavages et qui seront de toute façon démodées dès le mois prochain ? Vous êtes mûr(e) pour le slow wear ! Mais qu’est-ce que c’est ?

 

Isabelle Grandval de ZaZa Factory

Petite définition du slow wear

Inspiré du mouvement slow food, le mouvement slow wear s’écarte de la course folle aux tendances (la Fast Fashion) et met l’accent autant sur le retour aux basiques de qualité que sur l’aspect écoresponsable et éthique de la mode.

Bien plus qu’un vêtement ou un accessoire, le produit défini comme slow wear est porteur de sens pour celui qui le fabrique et pour celui qui l’achète. Il est aussi considéré comme « durable » : c’est une pièce de qualité, réalisée en général dans une matière naturelle, et qui pourra être portée et reportée avec le même plaisir.
 

Caroline Saubestre de a-typik

Conviction éthique versus course au profit

Certains déplorent l’effet de tendance lié à ce mouvement. Les « faux slow » qui veulent simplement se donner bonne conscience en s’engouffrant dans la brèche éthique abondent. C’est ce que regrette Isabelle Grandval, qui crée des accessoires éthiques sous la griffe ZaZa Factory et travaille depuis des années dans des conditions pas toujours aisées, par conviction, par passion. Pas pour suivre une « tendance » ayant bien du mal à prendre du reste, malgré une visibilité désormais plus grande dans la presse et une prise de conscience timide de la part des consommateurs. Parce qu’acheter slow, cela a tout de même bien souvent un coût. Parfois rédhibitoire. Mais « si on veut des matières de qualité, des produits artisanaux originaux et payer correctement ceux qui travaillent, il faut bien proposer au final un prix qui couvre tous ces efforts », précise Isabelle Grandval.

Et il en faut des efforts pour relever constamment des challenges, aider des petits producteurs du bout du monde et des artisans défavorisés mais porteurs d’un réel savoir-faire… C’est le parti pris de Caroline Saubestre, la créatrice de la marque de bijoux a-typik, qui soutient en outre un orphelinat de Bogotá depuis 2006. Tout ça sans oublier de préserver l’environnement et de proposer à ses clients des modèles originaux et créatifs !
 

Isabelle Lacaze et Delphine Gautier de Pachama’

Quant à Isabelle Lacaze et Delphine Gautier, qui ont repris en 2009 la marque de vêtements en coton biologique Pachama’, elles sont convaincues que la nouvelle façon de consommer se doit d’être « respectueuse de l’Homme et de l’environnement à chaque stade de la chaîne du vêtement, et ce jusqu’au consommateur ».

Récup’ et solidarité

Autre manière d’apporter sa maille au tricot slow wear : récupérer des vêtements de seconde main et les remettre en vente, à bas prix. C’est le concept de Bis Boutique Solidaire, créée par Rémi Antoniucci. Les employés de Bis Boutique Solidaire récupèrent quotidiennement les vêtements collectés au Secours Catholique, les trient, les lavent et les repassent avant de les livrer dans la boutique du 7 boulevard du Temple, dans le troisième arrondissement de Paris. Résultat, les dons de vêtements servent vraiment à quelque chose, les vêtements connaissent une seconde vie, les prix sont accessibles à toutes les bourses (de 2 € pour un T-shirt à 30 € pour un manteau, par exemple) et, surtout, l’action permet l’insertion professionnelle de personnes en difficulté.
 

Bis Boutique Solidaire

Un dernier argument…

Dernier petit détail qui incite à passer au slow wear : les matières employées dans la confection traditionnelle, en plus d’être polluantes, sont potentiellement mauvaises pour la santé. C’est ce que révèle l’ouvrage Ces vêtements qui nous tuent, du Dr Anna Maria Clement et du Dr Brian Clement (Guy Trédaniel éditeur). À lire pour réfléchir et pour changer d’urgence nos comportements !
 

… et quelques livres pour se mettre au slow wear en mode Do It Yourself


 
Vêtements à créer pour les petits, de May B. Langhelle : Au fil de projets tous plus craquants les uns que les autres, l’auteure nous apprend à recycler des vêtements d’adulte et du linge de maison en adorables vêtements d’enfant. Rien de chichiteux, mais plutôt des modèles basiques, faciles à porter, bref, indispensables pour les bambins ! Comme en principe nos armoires regorgent de matière première, on peut s’y mettre tout de suite et recycler nos vieilles chemises d’homme, nos draps un peu passés… (Made in Marabout, 144 pages, 15.90 €)
 

 
Bijoux inédits Nature & récup’, de Sarah Drew : Original et étonnant, cet ouvrage nous apprend à collecter et utiliser des matières naturelles (bois flotté, marrons…) ou des déchets industriels (sacs plastiques, catadioptres…) pour créer des bijoux remarquables. Un large spectre de techniques est mis à disposition des créatrices en herbe qui pourront ensuite se libérer de l’exemple pour créer leurs propres modèles. Là encore, pas besoin d’un lourd investissement pour se lancer et y prendre plaisir ! (Éditions de Saxe, 143 pages, 19.50 €)