Bobo type du vingtième siècle, Tatiana Lafumette lutte pour rester à la page, entre thérapies, ateliers d’écriture et expos d’art moderne. Courant désespérément après le subversif, elle échoue systématiquement dans un plat conformisme, malgré une petite voix qui lui susurre sournoisement « Et si… ? ».

Edition Dialogues , 312 pages
23 euros

D’abord ouvrière dans l’industrie, Françoise Gehannin devient ensuite professeur de lettres. Comme son héroïne, elle a rencontré la féminisme et la Révolution des années 70 alors qu’elle n’était que lycéenne. Tatiana Lafumette est son premier roman.

Voilà un livre qui sait prendre son lecteur par surprise. A la vue du titre, on craint un énième livre de chick-lit, à l’histoire tragiquement prévisible, aux gags ennuyeux et à l’écriture affligeante. Mais non. En vérité, la plume est incisive et l’écriture élégante fait démentir mon terrible fatalisme quant aux auteurs contemporains qui créent peut-être de belles histoires, mais n’ont pas ce talent avec les mots de leurs prédécesseurs. Sans épargner aucun des travers des bobos qui peuplent son roman, l’auteur nous permet entre deux d’échapper à cet étouffant conformisme en nous faisant rencontrer quelques marginaux, tous follement attachants, pour lesquels sa plume devient soudain plus tendre.

Une lecture agréable donc, drôle et parfois très touchante, mais pour laquelle j’émettrai cependant une certaine réserve : ce roman n’offre pas au lecteur l’évasion attendue, il nous cantonne au contraire dans notre réalité, et peut amener à fatiguer au lieu de détendre.