Plages, volcans, dragons de Komodo, jungles dans lesquelles vivent des éléphants, des orangs-outans et des tigres… Nous voici en Indonésie ! L’Indonésie, au Sud-Est de l’Asie, est le plus grand archipel du monde, composé de plus de 13 000 îles dont 6 000 sont habitées par des centaines de groupes ethniques différents parlant leur propre langue. On contemple en Indonésie des paysages naturels époustouflants. C’est le 4ème pays le plus peuplé du monde et le 1er pays à majorité musulmane. La capitale de l’Indonésie est Jakarta, sur l’île de Java – l’île la plus peuplée au monde. L’archipel connaît le climat tropical et le climat équatorial. Partons à la découverte de l’Indonésie !

 

 

Interview de Philippe Fouchard, photographe

Nous nous sommes entretenues avec Philippe Fouchard, photographe spécialisé dans les voyages, qui s’est rendu en Indonésie plusieurs fois.

Chenda pour So What ? : Qu’est-ce-que l’Indonésie vous évoque ?

Philippe Fouchard : J’ai découvert l’Indonésie, par hasard, il y a quelques années. Je suis parti avec mon sac photo, mes pelloches (pas de numérique à l’époque) et quelques vêtements dans ce pays dont je ne connaissais que Bali et ses plages, pour arriver à Sumatra chez les Minangkabau, un groupe ethnique de l’ouest de cette île (dans les hauts plateaux de la province de Sumatra occidental et dans les îles Riau). J’ai fait la rencontre d’une Française dans un bar, mariée à un Indonésien. Quelques trips dans la jungle, des rencontres, des nuits de discussion, la musique, des jours passées dans les bus et je suis tombé amoureux de l’Indonésie, à tous les niveaux… Ma femme est indonésienne ! J’ai un besoin inépuisable de découvrir de nouveaux paysages et de rencontrer des nouvelles personnes venant d’un pays du bout du monde. Le peuple indonésien est d’une gentillesse sans nom.
 

 
Chenda pour So What ? : Quels sont les événements qui vous ont le plus marqué en Indonésie ?

Philippe Fouchard : En 2005, j’ai travaillé dans la province d’Aceh, sur le lieu du tsunami, au mois de mars. Je me suis lassé de voir des images diffusées par les médias mais j’étais attiré comme un « voyeur » par cette catastrophe. Je repoussais ce voyage maintes et maintes fois. Rejoignant un ami indonésien qui travaillait pour la Croix Rouge Internationale, débarqué de l’avion une heure plus tôt, la poussière, la chaleur et la fatigue aidant, l’émotion a pris le dessus en shootant mes 1ers clichés. Je suis très sensible, ce qui ressort dans mes photos. J’ai vu le résultat sur l’être humain de ces vagues destructrices de la vie. Après le tremblement de terre de l’île de Nias, fin mars 2005, j’ai pris des photos de cadavres en décomposition, ou l’exode des gens n’ayant plus rien à manger sur le ferry, j’ai circulé dans un camion chargé de cercueils. Je ne pourrai jamais oublier ces tragiques événements, les souvenirs de ces images des camps de réfugiés de Banda Aceh ne cesseront de revenir. Et l’histoire s’est répétée cet été (2018) ! En regardant le journal télévisé, j’ai pris connaissance de la catastrophe sur l’île de Lombok, l’émotion m’a regagné.
 

© Philippe Fouchard – Tremblement de terre (île de Nias, île de Sumatra, Indonésie)

 
Chenda pour So What ? : Quelles sont les particularités de l’Indonésie ?

Philippe Fouchard : Quand une personne vous parle de l’Indonésie ou que vous allez dans une agence de voyages, on vous conseille Bali. L’Indonésie ne se limite pas à Bali, aux terroristes et au 1er pays musulman du monde. Tana air kita, « Notre terre est notre eau », c’est ainsi que les Indonésiens appellent leur incroyable archipel qui compte plus de 17 000 îles, atolls ou récifs entre l’Océan Indien et l’Océan Pacifique. C’est le pays de la démesure et de l’infini, pour découvrir le vert d’une végétation luxuriante, le rouge des cônes impressionnants des volcans, le bleu d’une mer omniprésente, le gris de la pierre et des gratte-ciels de Java et les 1 000 couleurs des visages et costumes des habitants de ces îles magnifiques.

Un peu de géographie : d’Aceh au nord de Sumatra à Irian Jaya, ce sont 5 000 kilomètres à parcourir, à peu près la distance entre la Suède et la Grèce. Et nous changeons de religion, Aceh est la seule province qui applique la charia dans la vie de tous les jours, à Irian Jaya ce sont les papous noirs de peau et de religion chrétienne. Il y a de quoi faire en termes de diversité dans un voyage en Indonésie !
 

 
Chenda pour So What ? : Quels sont les lieux et les temples insolites à voir en Indonésie ?

Philippe Fouchard : Le peuple indonésien est souriant, accueillant, chaleureux et ouvert. Surtout, il ne faut pas rester dans les endroits touristiques. Bien entendu, il faut faire du surf le jour et la fête la nuit à Bali, voir ces magnifiques temples de Borobudur et Prambaman à Java, les rites funéraires des Tana Toraja à Sulawesi. Mais aussi prendre un train de banlieue un matin à Jakarta, monter dans un bus public à Florès, ne sachant pas si nous arriverons vivants par les routes de montagne, méditer longuement dans une mosquée à Java avec un musulman pour tout simplement comprendre cette religion, naviguer dans une barque de pêcheurs dans les mangroves à l’ouest de Sumatra, déguster un plat typique indonésien dans un village d’une petite île… Sortir des sentiers battus ! Je ne suis pas guide touristique, mais je pense qu’il faut faire confiance aux personnes ayant déjà vécu en Indonésie et se laisser aller dans plein d’endroits, au gré des rencontres.
 

 
Chenda pour So What ? : Quels sont les atouts et richesses de ce pays ?

Philippe Fouchard : Voici une anecdote qui peut résumer la richesse de ce pays et de cette jeune démocratie. En Indonésie, un mot revient souvent dans la bouche des indonésiens : banjir, « inondation ». C’est fréquent et partout, surtout dans les grandes villes, comme Jakarta, car le système de tout à l’égout est inexistant. J’étais photographe et nous vivions, ma femme et moi, dans une petite rue à Jakarta. Un matin, après une heure de violentes pluies, un mètre d’eau dans la rue m’a fait plonger dans ce bain d’eau noirâtre. Les rats vous frôlent les jambes, les déchets accrochent votre pantalon et… le sourire d’une bande d’enfants se baignant vous donne une bouffée de chaleur, de bonheur. Ils ne connaissent pas la piscine, faute de moyens, mais la joie se lit sur leur visage, le jeu de l’enfance, le rêve, les cris, me donnent encore des frissons. Dernièrement,  j’ai vécu de nouveau cette expérience. L’atout principal de ce pays, c’est l’optimisme et la gentillesse des gens…
 

© Philippe Fouchard – Inondation (Jalan Jaksa, Jakarta, île de Java, Indonésie)

 

À savoir

Dans le village de Sibang Kaja, il existe une école autonome en énergie, faite en bambou, au milieu de la jungle, appelée Green School, où les jeunes vont étudier l’écologie.

Une association lutte contre la pollution plastique, Peduli Alam, gérée par 2 Françaises. L’association aide à récupérer des déchets dans plusieurs villages.

Les Balinais utilisent plusieurs calendriers afin de ne rien manquer des événements religieux, fêtes et jours fériés : le calendrier grégorien de 365 jours pour des raisons commerciales et politiques, Saka, un calendrier lunaire d’origine indienne qui comporte 12 mois lunaires et permet de connaître la date officielle de la célébration des dieux, Pawukon, un calendrier rituel javanais du 14ème siècle qui comporte 210 jours.
 

© Philippe Fouchard – Marin – Port de Sunda Kelapa (Jakarta, île de Java, Indonésie)

 

Bibliographie

Guide Indonésie 2017 Petit Futé, Nouvelles Editions de l’Université, 13,95€. En vente sur Amazon.

 

Quatre années en Indonésie, Dr Jean M Trudel, Distribulivre, 15,65€. En vente sur Amazon.

 

Indonésie : Singapour, Denise Basdevant et Christine Routier-Le Diraison, FeniXX réédition numérique, 6,99€. En vente sur Amazon.