Cuisine tatare et descendance

Plongés tout d’abord dans l’ex-URSS des années 80, on fait connaissance avec la famille de Rosalinda, une femme russe d’ascendance tatare qui nourrit un fort attachement pour sa culture d’origine.

Débordante d’énergie, elle incarne la parfaite matriarche sans laquelle, à première vue, la famille toute entière irait à vau-l’eau, à commencer par la vie de sa fille, Sulfia. Mais l’égo surdimensionné de Rosalinda, et son arrogance inébranlable génèrent surtout une force destructrice assez effroyable…


Née en 1978 à Swerdlowsk, Alina Bronsky est un écrivain allemand d’origine russe. Cuisine tatare et descendance est son second roman. Applaudi notamment par la critique allemande et américaine, il a déjà été traduit dans plusieurs langues et vient de sortir en France.

Cuisine tatare et descendance est avant tout une histoire de femmes. On suit trois générations – la grand-mère, la mère et la petite-fille – d’abord derrière le rideau de fer, où la dure réalité du quotidien implique une débrouillardise à toute épreuve (femme on ne peut plus pragmatique, Rosalinda s’adaptera parfaitement à la situation), puis dans l’Allemagne réunifiée.

Écrit à la première personne, le récit correspond exclusivement au regard que porte Rosalinda sur ceux qui l’entourent, sur la vie, et cela peut être très énervant ! En effet, ignorant le doute et persuadée d’être indispensable (ce qu’elle est effectivement parfois !), Rosalinda est un personnage antipathique au possible !

Pourtant, Cuisine tatare et descendance mérite vraiment le détour. Original, bien écrit et exempt de bons sentiments, le second roman d’Alina Bronsky est une belle réussite !

Éditions Actes-Sud, mars 2012 – 331 pages (23 €)

Marie Giudicelli