Nous avons adoré des couples dans la littérature, et nous avons aussi aimé en détester d’autres. Parce que leurs histoires sont tristes, ou inadaptées, voire illégales. Après nos 10 couples préférés, voici les 10 pires couples de la littérature, selon la Rédaction!

Emma Bovary et Rodolphe Boulanger, Madame Bovary de Flaubert

Madame Bovary
 
Après avoir subi la réprobation de son mari et de la société toute entière (femme mariée du XIXème siècle ayant une aventure avec un jeune homme), pour Emma Bovary ça ne finit pas super bien (c’est un euphémisme). D’accord, elle a vécu une histoire interdite, d’accord elle a été très amoureuse (et lui, peut-être un peu aussi), d’accord, elle a peut-être ouvert une petite fenêtre au féminisme, mais quand même. On ne peut pas parler de happy end. Sans vouloir vous spoïler la fin, elle se suicide. Et la scène de son agonie dure longtemps ! Un roman magnifique ceci dit.

Pire citation : La scène de l’agonie d’Emma qui se suicide au poison, longue, la scène ! « Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s’éteignent, à la croire déjà morte, sans l’effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l’âme eût fait des bonds pour se détacher. »

Isabella Robinson et Edward Lane, La déchéance de Mrs Robinson de Kate Summerscale

La déchéance de Mrs Robinson
 
Dans le même genre que Madame Bovary, mais en Angleterre au XIXème siècle, une femme mariée tombe amoureuse d’un homme plus jeune qu’elle, marié lui aussi. Une très jolie histoire, au début. Leur secret est ensuite dévoilé, scandale, divorce (celui-ci venait d’être légalisé en Angleterre), chantage, humiliation. (Un roman magnifique, au passage, inspiré d’une histoire vraie.) (Lire la critique sur So What?.)

Pire citation : « Le lendemain, comme subitement dessillé sur les dangers de sa position, Edward annonce à Isabelle que leur relation sexuelle est terminée. » Largage, quoi. Ce qui n’a pas empêché le sandale, le divorce, et que le mari, la femme et l’amant aient eu un avocat et aient été parties au procès.

Le narrateur et Lolita, Lolita de Vladimir Nabokov

Lolita 3
 
Pour celles qui n’ont pas lu le roman (magnifique) de Nabokov, oubliez tous les clichés que vous avez pu entendre sur cette histoire et lisez ! Cette histoire est bien sûre terrifiante parce qu’il s’agit de pédophilie (clairement), mais il prétend l’aimer… Ou comment un homme dans la quarantaine va épouser une femme, en étant obsédé par la fille de 12 ans de celle-ci.

Pire citation : Le tout début du roman, magnifiquement écrit, et émouvant, mais ELLE A 12 ANS BORDEL ! « Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-li-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois, contre les dents. Lo. Li. Ta. »

Roméo Montaigu et Juliette Capulet, Roméo et Juliette de William Shakespeare*

Roméo et Juliette 2
 
Oui, et bien c’est une jolie histoire, mais ils se suicident à la fin quand même ! Je sais que ces 2 là sont fous amoureux, que c’est joli et tout et tout. Mais ce sont des ados un peu idiots qui finissent par se suicider, pour rien en fait. Ça ne symbolise pas, pour moi, une belle histoire. Bien sûr le texte de Shakespeare est magnifique, mais il n’empêche que je ne trouve pas cette histoire romantique, juste triste et gâchée. Ah les ados.

Pire citation : « PREMIER GARDE, montrant les cadavres : – Mon souverain, voici le comte Pâris assassiné ; voici Roméo mort ; voici Juliette, la morte qu’on pleurait, chaude encore et toute récemment tuée. » (Acte V scène 3.) Je vous ai dit que ça finissait mal…

Anastasia  Steele et Christian Grey, Cinquante nuances de Grey de E.L. James

Cinquante nuances de Grey
 
Outre le style relativement déplaisant à lire, on a du mal avec cette histoire ni joli ni tant sexy que ça… Lui, PDG d’une multinationale, super riche, super charismatique, super trop fuckable de la mort** et surtout dominateur sadique handicapé du sentiment. Elle, super naïve, super trop fuckable de la mort** mais qui l’ignore, parce que, surtout, super conne. Mais l’amour, ou plutôt le sexe vaincra, alors c’est ok.
Moi, je ne sais pas vous, mais quand j’ai un fantasme, du genre j’épouse Brad Pitt, on adopte une centaine de petits chatons et on fait plein de cochonneries dans notre super loft sous les toits, ben je ne me sens en aucun cas obligée d’en faire un livre. Encore moins plusieurs. Et si je lis encore une fois les mots « ma déesse intérieure », je me suicide au Nutella. Vous voilà prévenus. (Lire la critique sur So What?.)

Pire citation : « Oh oui, comme tu mouilles, Bébé. » Christian, x 500 dans le bouquin.

La princesse et le prince, La belle au bois dormant, Charles Perrault

La belle au bois dormant
 
Elle dort pendant un siècle au moins, il va au château (dans lequel tout le monde d’ailleurs dort), il affronte les mauvaises herbes qui ont envahi le château, il la voit, il l’embrasse, elle se réveille (et tout le château avec), tout le monde est content, ils se marièrent et et eurent beaucoup d’enfants. C’est cela oui. Sans vouloir être rabat-joie. les contes modernes sont plus… modernes tout de même, oui, mais voilà, ma génération et celles d’avant on n’avait QUE ça ou presque.

Pire citation : « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. » On parle de contraception, de droit des femmes, de mortalité infantile maintenant ou plus tard ?

Dorian Gray et lui-même, Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde

Le portrait de Dorian Gray
 
Si vous avez lu le roman (magnifique, à lire si ce n’est pas fait, et c’est un classique, de plus), vous avez vous-aussi noté que le plus grand problème de Dorian Gray est… lui-même. Comme pour la plupart d’entre nous, me direz-vous ? Sauf que nous, nous ne sortons pas de la plume d’Oscar Wilde, et nous n’avons pas de tableau capable de récupérer à notre place nos petits déboires quotidiens sur sa toile. Bref, Dorian Gray a kiffé (lui-même), puis il a payé.

Pire citation : « Lorsqu’ils entrèrent, ils découvrirent, accroché an mur, un superbe portrait de leur maître tel qu’ils l’avaient vu pour la dernière fois, dans toute la splendeur de sa jeunesse et de sa beauté exquises. Étendu sur le plancher, gisait un homme mort, un couteau planté dans le cœur. Il était ridé, sa peau était desséchée et son visage repoussant. Ce n’est que lorsqu’ils eurent examiné ses bagues qu’ils le reconnurent. » (Fin du roman.)

Odette et Swan, Un amour de Swann de Marcel Proust

Un amour de Swann
 
Le pire qui puisse arriver en amour est d’aimer sans être aimé. C’est ce qui arrive à Swann, qui est amoureux d’Odette. Celle-ci au début de leur relation, semble éprise. Puis Swann s’aperçoit très vite qu’elle le néglige, lui cache des choses, a toujours un prétexte pour ne pas le voir, lui octroie de moins en moins de temps. De plus, Odette n’est pas du même « milieu » que Swann , aristocrate de la fin du XIXème siècle. Elle est une femme vulgaire, peu délicate, bourgeoise intéressée par les titres et l’argent de Swann, et d’autres hommes, appelée à l’époque courtisane ou demi-mondaine, voire « cocotte » ! Elle a des amants. Elle n’aime plus Swann, ou ne l’a jamais aimé. Il voit tout cela, il sait tout cela, mais ne peut s’empêcher de continuer à l’aimer. Il se morfond, l’épie, l’attend, parcourt de nuit les lieux où elle pourrait se trouver. Il lui donne de l’argent en abondance, pour se faire aimer d’elle, tout en sachant bien que cela ne marche pas… Il est lucide et en même temps ne peut pas se détacher d’elle. Swann est malheureux comme la pierre. Il devient dépressif, abattu, n’ayant plus goût à rien, tout absorbé par cet amour pour une femme qui, s’il n’était pas amoureux, ne lui plairait pas, dit-il !

Un amour de Swann est un épisode dans A la recherche du Temps perdu qui peut se lire à part, déconnecté du reste de la saga. Proust décortique à merveille les sentiments, les sensations, les émotions. Chaque parcelle de l’âme de Swann amoureux est passée au crible.

Pire citation : « Considérant son mal avec autant de sagacité que s’il se l’était inoculé pour en faire l’étude, il se disait, que, quand il serait guéri, ce que pourrait faire Odette, lui serait indifférent. Mais du sein de son état morbide, à vrai dire, il redoutait à l’égal de la mort une telle guérison, qui eût été en effet, la mort de tout ce qu’il était actuellement. »

Jackie de Bellefort et Simon Doyle, Mort sur le Nil d’Agatha Christie

Mort sur le Nil
 
Si vous avez dévoré de nombreux romans d’Agatha Christie, comme moi, vous avez noté qu’il y avait souvent, dans les histoires des personnages, de belles histoires d’amour, parfois compliquées. Comme dans Mort sur le Nil. Ils sont jeunes, ils s’aiment, ils n’ont pas beaucoup d’argent, elle connaît une femme qui en a beaucoup, ils décident qu’il l’épousera, ils la tueront, ils auront son argent. Je vous avoue qu’au début je voulais le mettre parmi nos couples préférés, celui-ci. Mais après discussion et débat (qui a fini dans un bain de sang, pour tout vous dire) à la Rédaction, j’ai choisi de l’ajouter dans notre sélection de pires couples de la littérature. Je suis d’accord, ça finit mal, ils passent la plupart de leur histoire séparés, feignant la tristesse pour l’une et l’indifférence pour l’autre, afin de mettre un point final à leur plan… Et de se suicider à la fin parce qu’Hercule Poirot a découvert leurs manigances. Il n’empêche, ils s’aimaient. Et étaient prêts à faire n’importe quoi (c’est le cas de le dire) l’un pour l’autre.

Pire citation : « – Le meurtre, mademoiselle, est un crime impardonnable. Un être humain n’a jamais le droit d’en supprimer un autre . » (Hercule Poirot à Jackie de Bellefort).

Albine et Serge, La faute de l’Abbé Mouret d’Emile Zola

La faute de l’Abbé Mouret
 
Serge Mouret est un jeune prêtre, tout fraîchement arrivé à l’église d’un village du Sud de la France. Il est totalement déboussolé, sans expérience, fin et délicat, au milieu de paysans rustres, grossiers, aux mœurs très libres. Pour échapper à ce monde qui l’horrifie, pour garder sa pureté, il vire au mysticisme, devient adorateur de la vierge Marie, au point d’en tomber malade, tourmenté, fiévreux. Il est envoyé en convalescence dans une maison au milieu d’un jardin luxuriant, le Paradou. Il est soigné et guéri par Albine, jeune fille un peu sauvage, qui lui redonne goût à la vie. Ils deviennent amoureux, lui semble presque avoir oublié son engagement et sa vie d’avant. Leur élan d’amour a lieu dans cet écrin de verdure, d’arbres et de fleurs, qui sont comme une invitation à s’aimer. (« C’est le jardin qui l’a voulu. »‘) Serge est heureux, tant qu’il reste sur son nuage, mais après ce moment d’amour charnel, tout à coup, il voit le village et son église. Et la culpabilité commence à lui tomber dessus, et ne le lâchera plus. Amoureuse folle de lui, ayant cru à ces paroles d’amour prononcées dans l’effusion du moment, elle comprend de suite qu’il lui échappe. Et toutes ses tentatives seront vaines. Il l’abandonne, retourne à son église, trouve sa sérénité de prêtre. Désespérée, elle cueille toutes les fleurs du jardin, pour les mettre dans sa chambre, qu’elle ferme, elle se couche, et meurt asphyxiée par les fleurs ! On apprend qu’elle était enceinte.

Pire citation : « Va-t-en ! dit-elle à voix basse.
Serge se leva d’un effort. Il ramassa son bréviaire qui avait roulé dans l’herbe. Il s’en alla.
Puis, lentement elle entra dans le Paradou, sans tourner la tête. La nuit tombait, le jardin n’était plus qu’un grand cercueil d’ombre
. »

 
 

* Celui-ci fait débat à la Rédaction.
** Expression tirée de Sex and the TV d’Octavie Delvaux, qui parle d’une homme « trop fuckable de la mort », souvent, ça nous a fait rire, c’est donc notre private joke du moment. Oui, on s’amuse comme on peut à la Rédaction.

Rédigé par

Marie-Aube

Rédactrice web et print indépendante depuis plus de 10 ans, auteure et blogueuse, passionnée par l’écriture. So What ? est mon blog, engagé, féminin, créatif, drôle et sérieux.