Sensible aux frissons du monde invisible?  Adepte des sensations chamaniques ?

Allez voir l’exposition du musée du quai Branly, à Paris,  intitulée : les maîtres du Désordre.

Cette exposition amène le visiteur à ressentir autant qu’à voir. Le décor, et les objets exposés procurent des sensations psychiques , parlent à l’ « âme », à l’ «  esprit », au spirituel qui est en chacun de nous.

Le thème proposé est la relation traditionnelle instaurée entre l’homme et les forces obscures qui habitent le monde !! L’homme de tous temps a cherché à concilier le bien et le mal, le chaos et l’ordre, l’obscurité et la lumière.

Face aux immenses puissances destructrices (mauvaises récoltes engendrant les famines, catastrophes naturelles, guerres, conflits, maladies, mort ..), le combat de l’homme est incessant : comment gère-t-il le désordre, comment se sauvegarde-t-il face aux déséquilibres naturels (ou économiques ?) Comment contient-t-il les peurs qui l’assaillent ?

L’exposition se présente en trois parties et mêle allègrement objets rituels, personnages et statuettes, parures, masques, et autres autel vaudou, issus des sociétés dites traditionnelles ou antiques, à des œuvres d’art contemporain., sous forme de grandes compositions, vidéos, tableaux .. Le tout s’entremêle avec beaucoup de forces, en un dialogue incessant, symbolisant la correspondance entre nos peurs et nos vécus intimes d’individus du monde occidental, et les batailles menées contre les « démons » par les sociétés « premières » ou les anciennes civilisations.

La première partie montre comment le désordre, le chaos, sont inséparables de l’ordre, de la rythmicité du monde, et représentent en somme « l’envers du décor », qu’il est nécessaire de ne pas ignorer.

Les arts premiers comme les arts contemporains offrent de multiples expressions du côté sombre et effrayant du monde. Des divinités mi homme – mi dieu insufflant le désordre sauvent également des catastrophes, incertains, errants, à l’écart, rejetés. (Dyonisos par exemple ou Visnu). Ils expriment la lutte entre des forces contradictoires. L’homme se protège et sa quête inlassable est de rétablir l’équilibre rompu.

La deuxième partie évoque les maitres du désordre que sont les chamans, prêtres, sorciers ou médecine-men. Ils sont les intermédiaires, ceux qui dialoguent avec les divinités afin de les séduire, les empêcher de nuire, et sont dotés d’immenses pouvoirs destinés à maitriser les forces du mal.

Ils utilisent de multiples techniques, méthodes et substances, secrets initiatiques à valeur thérapeutique. Dans une salle, des paroles de chamanes sont recueillies et transmises sur écrans reliés à des téléphones, comme si on parlait directement avec eux.

La troisième partie évoque les phénomènes de catharsis : Comment le pouvoir de transformation de l’homme, ritualisé et incarné dans les fêtes, cérémonies, ingestion de plantes, lui permet de s’approcher de l’invisible et de se relier aux différentes parties composant l’univers, afin de prévenir les désastres ou de réparer les méfaits et dégâts.

Cette exposition est passionnante. Elle permet d’accomplir un chemin initiatique, dans un labyrinthe permettant de progresser vers des secrets que l’on devine bien plus profonds derrière les vitrines de présentation !!

Le commissaire de l’exposition Jean de Loisy, historien d’art, a défini ce projet de dialogue entre chamanisme et art contemporain comme « inhabituellement subjectif ».

L’anthropologue Bertrand Hell a contribué à cette exposition.

Exposition « les maitres du désordre » Musée du quai Branly 37 quai branly, Paris 16 ème

Jusqu’au 29 juillet 2012.

Il est préférable d’acheter son billet sur internet pour éviter toute attente.

Cet avertissement figure à l’entrée de l’exposition :

« Certaines œuvres présentées dans l’exposition peuvent heurter la sensibilité du public, notamment celle du jeune public. »