LES SOUVENIRS

de David FOENKINOS

 

Pour son neuvième roman, l’auteur nous plonge dans un monde emplie de sensibilité, chaque page faisant l’effet d’une aile de papillon. Il réussit brillamment à envelopper de douceur des sujets aussi grave que la perte d’un être cher, la mort, la séparation et la vieillesse.

Au terme des 266 pages on en ressort bluffé et paradoxalement heureux.

L’être humain est bien masochiste, qu’il se plaise à regarder dans son passé quelque fois douloureux  pour le plaisir de se complaire dans cette chaleureuse tristesse.

Ici, pas de mièvrerie, ni de pathos, simplement des sentiments exprimés avec une bonne dose d’humour et de second degré. On ressent les paroles du narrateur Patrick prendre part en nous, jusqu’à nous appartenir, on devient Patrick où un ami très proche, à qui il raconte tout jusqu’à ses pensées les plus intimes et les plus enfouies.

«Vous êtes si belle que je préfère ne jamais vous revoir».

Qu’elle femme ne rêverait pas secrètement qu’on lui adresse ce genre de compliment ? Si elle n’est pas la phrase centrale de ce roman, elle en est tout de même l’initiatrice car, sans elle, Michel n’aurait pas conquit sa belle et Patrick notre narrateur ne serait pas là pour nous raconter son histoire. On décèle sous le personnage principale un David Foenkinos sensible qui tente d’apparaître timidement sous couvert de sa création, son avatar : Patrick.

Il nous parle des relations entre les générations, du temps qui passe et que l’on partage de moins en moins avec ses proches, de la maladie du siècle : la dépression, de l’amour et de son état éphémère. Seul l’amour que l’on porte à son enfant est éternel.

Il vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets, on l’aura bien comprit la morale n’échappe pas à ce tendre roman. Plus qu’une simple histoire de famille, David Foenkinos nous apporte ici, une véritable réflexion sur la vie et propose parfois de manière indirecte des solutions.

Cet ouvrage permet une véritable autopsie sur notre être, le lyrisme est prohibé et des lieux communs mis en avant (station service, maison de retraite, école, cimetière, gare…), pour ancrer le lecteur dans la réalité.

On retiendra, qu’un homme peut être romantique et torturé quand on joue avec ses sentiments; «Cela me rendait fou ces gens capables de laisser l’autre dans le vide, ces gens qui ne prennent pas la peine d’envoyer un petit message simplement pour dire que tout va bien. Surtout, je ne comprenais pas son attitude».

On retiendra également que la mort est inattendue est qu’elle ne s’annonce pas au cors de chasse, que la vie est courte et que la vieillesse referme la boucle une étape qui induit, perte d’autonomie et dépendance matérielle.

Un seul mot me vient donc à l’esprit CARPE DIEM.

P.S. Ce roman est en lice pour le prix Goncourt.

 

En librairie depuis le 18 août 2011

18,50 euros

272 pages-collection blanche- aux éditions Gallimard.

Soisic Adragna