Plaidoyer pour une liberté vestimentaire

J’ai été frappée par le sondage de l’Institut Français d’Opinion Publique (IFOP) relatif aux tenues des lycéennes, jugées « décentes « , « indécentes » par les Français, et par la polémique l’entourant. D’où ce petit plaidoyer pour la liberté vestimentaire.

 
Plaidoyer pour une liberté vestimentaire

Le sondage IFOP ou la négation de la liberté vestimentaire ?

À première lecture, l’étude IFOP « Qu’est-ce qu’une « tenue correcte » pour une fille au lycée » apparaît sexiste. Elle refléterait l’oppression des femmes et révélerait un grand bond en arrière. Les codes vestimentaires sexistes ne datent en effet pas d’hier ! Et l’exemple topique est le corset, Leigh Summers (de l’université de New England en Australie) affirmant d’ailleurs que son usage fut une « contrainte imposée au corps féminin. »

En y regardant de plus près, le sondage « met aussi en lumière un clivage de genre très net révélateur de l’ancrage des injonctions à la « pudeur » dans la gent féminine : les femmes adultes (73 %) étant plus opposées que les hommes (58 %) à ce que les lycéennes puissent abandonner ce que les féministes des années 1960 avaient pourtant érigé en symbole de l’oppression vestimentaire des femmes ».

Aussi que dire ? Pourquoi les femmes sont-elles plus enclines que les hommes à l’interdiction du port de certains vêtements ? Si de multiples facteurs en sont la cause, on ne peut que s’interroger. La perception du féminin par le masculin imprègne-t-elle encore notre société ? Les femmes sont-elles « aliénées » par cette perception ?

 
LIRE AUSSI : L’évolution du féminin
 

On comprend donc que ce sondage surprenne. Toutefois, il n’est pas sans intérêt car il nous interroge.

Suite à la polémique, l’IFOP a rédigé un communiqué dans lequel il rappelle que « l’objectif du sondage était de mesurer le soutien des Français à un mouvement social, à savoir la mobilisation des lycéennes du 14 septembre sur le caractère sexiste des règlements des établissements scolaires sur les tenues admises. »
 
Plaidoyer pour une liberté vestimentaire

Tenue vestimentaire contrôlée VS liberté vestimentaire

La liberté vestimentaire se heurterait-elle à une société « conservatrice » ?

Il ressort de ce sondage que certains Français souhaitent que la tenue vestimentaire des lycéennes soit « contrôlée ». Ceci me rappelle le hashtag #LesLunettesSontInterdites. Les employées japonaises ne peuvent en effet porter, en entreprise, des lunettes de vue ! Suite à une réelle prise de conscience, elles réagissent et luttent via le numérique contre une féminité stéréotypée – révoltées finalement par ces codes sexistes.

Les stéréotypes dans les représentations sociales du masculin et du féminin sont ainsi loin d’être en déclin. À ce sujet, le mensuel n° 235, de mars 2012, du magazine Sciences Humaines portant sur Les identités sexuelles pourrait vous intéresser.

 
LIRE AUSSI : Le sexe des jouets
 

Il semblerait donc que la tenue vestimentaire féminine ne pourrait s’appréhender comme un vêtement superficiel. Celle-ci suscite d’incessantes controverses et jugements. Entre le port du foulard islamique et le mouvement du « no bra », tout prête à polémique. Foulard islamique = oppression ; mini-jupe = agression sexuelle… Ces équations ne seraient pas uniquement simplistes, mais elles nuisent à la liberté vestimentaire des femmes et à leur perception du féminin.

Parce que « la société du jugement » (Essai sur les nouveaux pouvoirs de l’opinion de Nicole D’Almeida) inquiète, il est fondamental de plaider pour une liberté vestimentaire des femmes.

Face à la polémique, répondons par le bon sens ! Une seule limite : l’exhibition sexuelle. Chaque femme devrait être libre de s’habiller comme elle le souhaite car, si une limite existe, tout individu, homme ou femme, la connaît : c’est l’exhibition sexuelle, incriminée par le Code pénal ; l’article 222-32 du Code pénal disposant que : « L’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. »

Finalement une tenue vestimentaire contrôlée opprime, tandis qu’une tenue vestimentaire libre émancipe !