Crystal Dynamics  – PC mais aussi dispo sur PS3 et Xbox 360 – Disponible depuis le 5 mars 2013 – 49,99€ sur Steam

Tellement de choses ont été dites, écrites et pensées au sujet du reboot de Tomb Raider qu’il devient difficile de trouver un angle d’approche différent des précédents, plus frais, tout aussi voire davantage pertinent. Surtout quand on arrive après la bataille et après que Lara se soit déjà faite tripoter par un nombre de doigts si astronomique que je préfère ne pas me l’imaginer. C’est un fait, Tomb Raider est sorti il y a près de trois mois, et l’aura de la série conjuguée à d’élogieuses critiques ont conduit à ce que cet opus s’écoule à plus de trois millions d’exemplaires à l’heure actuelle (un semi-échec pour son éditeur Square Enix, toutefois). Et maintenant que le train de la hype est passé, l’œil qui s’était fermé, à tort ou à raison, lors du lancement de Tomb Raider peut ainsi se rouvrir pour découvrir ce dernier sans forcément lui accorder un énorme à priori positif, dû à l’effet de mode voulant que tout ce qui est nouveau est beau.

Les énigmes feront souvent intervenir le feu, pour peu que vous disposiez d’une torche et d’une source de brulûre à proximité.

La légitimité offerte aux femmes de s’amuser avec des jeux vidéo pas forcément tout roses et aux propos « monpetitponiesques », c’est fait. Maintenant, pour équilibrer encore mieux la balance, il faudrait leur donner une incarnation virtuelle invincible, à l’instar des colosses auxquels ont droit leurs meilleurs ennemis les garçons et qui se prénomment Kratos, Nathan Drake ou encore Solid Snake, pour les plus connus. Des gens que redoutent comme la peste les compagnies d’assurance et dont on se demande encore par quel miracle leurs proches arrivent à ajouter une bougie sur chaque nouveau gâteau d’anniversaire qu’ils leur confectionnent. La virilité à son extrême, ce qui explique sans doute pourquoi les héroïnes de jeu vidéo n’endossent que rarement ce rôle. Ces dernières années, nous avons eu Bayonetta en guise d’exemple confirmant la règle, et juste en-dessous, il faudra inscrire sans rature « Lara Croft (2013) ».

Le méchant qui vous capture et qui ne parle pas votre langue, car comme de bien entendu, l’Ennemi est étranger.

Jusqu’à Tomb Raider : Underworld (2008), Lara Croft ne pouvait prétendre à un statut autre que celui de femme forte et aventurière. Ce qui était déjà très bien et suffisant pour que les joueuses s’identifient à elle sans trop de mal (j’en entends pouffer dans la salle, attendez un peu). Aujourd’hui, elle gagne le joli sobriquet de « survivante de l’enfer ». Et vous ne pouviez pas dire que vous n’étiez pas au courant, la première image et le premier trailer dévoilés du jeu, sans compter sa jaquette, tous les éléments laissés par Square Enix convergeaient vers un Koh Lanta puissance 1000 où Denis Brogniart serait remplacé par madame la faucheuse. Pourtant, même si au fil des épisodes (surtout depuis la reprise de la série par Crystal Dynamics), Lara n’a cessé de voir ses mensurations gagner en réalisme pour espérer davantage de crédibilité, elle n’en demeure pas moins toujours, y compris dans ce nouvel opus, un objet de fantasme dégoulinant aussi bien de sensualité que de crasse et de sang séché. Brrr… (Ou miam pour les sadiques qui ne se lavent pas.)

Tomb Raider, l’aîné, tu m’avais personnellement beaucoup marqué par l’importance que tu avais donnée à l’exploration, une activité finalement des plus logiques pour une archéologue à la natte volante telle que Lara Croft. La difficulté provenait de la nécessité de bien savoir se repérer dans l’espace et aussi d’avoir l’œil vif et curieux pour dénicher un levier, un porte ou une passage caché à l’utilité certaine. Les meurtres d’humains y étaient très peu nombreux (moins de dix, à la louche) et c’est tant mieux car personne n’en réclamait plus. Le Tomb Raider de 2013 est pourtant probablement le volet de la série le plus chargé en décès ennemis, la faute à un traitement à la Uncharted où, sait-on jamais, Lara pourrait également trouver sa place. Je pensais utiliser l’expression « faire son trou », mais je me suis repris à temps.

Dans Tomb Raider, vous serez parfois accompagné. Ne clignez pas des yeux pour que ça dure plus longtemps.

Dans Tomb Raider 2013, Lara Croft et l’équipage de l’Endurance (aussi hétéroclite que cliché) voguent sur les traces de la légendaire reine Himiko, à laquelle on prêterait des pouvoirs surnaturels (elle a d’ailleurs réellement existé). Sur le coup d’une intuition qui ne fait pas, on s’en doute, l’unanimité au sein du groupe, Lara choisit d’aller à l’opposé de la direction initialement décidée pour finalement conduire le vaisseau à faire naufrage dans le Triangle du Dragon, à l’est du Japon. C’est moche d’avoir raison, parfois. L’île qui va accueillir ces naufragés va se faire un malin plaisir de les séparer, ce qui, évidemment, les affaiblira progressivement. Sauf Lara Croft qui, sitôt échouée sur la plage abandonnée, va enclencher son « god mode ». Cliquez sur le lien, vous allez voir, ce n’est pas sale.

L’instinct de survie, pour trouver avec quoi et comment s’en sortir. Ouh, j’ai trouvé.

Vous avez entendu parler des bienfaits du TressFX et l’avez activé dans les options du menu principal pour ainsi rendre la chevelure de Lara encore plus… « réaliste » ? Vous risquez de vite déchanter et ce dès la première cinématique en temps réel du jeu. Il y a en effet des chances pour que ce dernier rame affreusement sur votre PC, pour une immersion pas vraiment plus grande en plus. La première apparition du TressFX tient même presque du ridicule, lorsque Lara a la tête à l’envers. Bref, en le désactivant, vous retrouverez une vitesse d’animation décente, à la fois pour les mouvements de la belle et ceux de sa tignasse, qui reste convaincante malgré tout. Et il serait dommage de pénaliser la mobilité de Lara pour un affichage déficient, tant celle-ci dispose d’une palette d’actions variée et se montre docile et agile dans son maniement. On sent que l’on peut faire à peu près ce que l’on veut avec elle, capable de dégager des ouvertures à l’aide du feu, d’alterner à l’aide du pavé directionnel entre quatre sortes d’armes (à feu, aussi), d’user d’un piolet pour rattraper des sauts trop justes, ou encore de se faufiler dans de petits espaces atténuant de ce fait la sensation de n’avoir que rarement le choix du chemin à suivre. Il était un peu là le risque, en privilégiant le côté grand spectacle au détriment d’un sentiment de liberté (presque) totale et de découverte (presque) permanente propre aux premiers opus, Tomb Raider donne l’impression au joueur de n’être que le contributeur au déroulement d’une belle cinématique. Somptueuse même.

 

Rien à faire, le moteur graphique béton permettant une beauté affolante des environnements (lesquels savent se renouveler : jungle, paysages enneigés…), des changements climatiques et des éclairages au poil, les modèles 3D des personnages détaillés et vivants, Tomb Raider assure visuellement, et pas uniquement grâce à la seule présence de Lara (Bien que son minois ait justifié la plupart de mes captures d’écran, et il faut bien avouer que le jeu aurait eu une saveur moindre si le personnage de Lara n’avait pas été aussi soigné au niveau de son design.) La mise en scène et les cadrages se montrent aussi très efficaces, sans toutefois réussir à masquer un scénario respirant le déjà-vu et des personnages guère attachants, même quand ils meurent. Et quand on n’a pas les punchlines d’un Uncharted, auquel Tomb Raider ressemble quand même beaucoup, mieux vaut regarder ailleurs pour y trouver son compte, dans l’espoir de retrouver des qualités d’un Tomb Raider « à l’ancienne ».

Dans Tomb Raider, il y a des hommes. Et ils prennent cher.

Et c’est là que Tomb Raider convainc un peu plus. Ils ont beau être bien plus nombreux qu’auparavant sans avoir été grandement désirés, les combats sont par exemple vraiment plaisants une fois que l’on a adopté le feeling. Les dégâts sont localisés, permettant des résultats différents selon qu’on l’on aura visé la tête, les bras ou les jambes. Les ennemis n’apparaissent pas trop bébêtes et s’avèrent en même temps surpuissants pour vous lancer des grandes incendiaires au centimètre près même s’ils n’ont pas vu d’où provenait la balle ou la flèche reçue dans leur dos. Leurs corps épousent bien le décor une fois refroidis et le sosie de Laury Thilleman pourra varier ses méthodes d’exécution en amassant de l’expérience. Et ce en tuant ennemis, animaux (le premier dépeçage est dur à vivre pour Lara, les suivants, une simple icône à activer) ou bien en faisant des cueillettes, ce qui lui ouvrira également les portes de la customisation d’armes.

Et la Palme de la meilleure légende pour cette image revient à : « attention, il est derrière toi ! »

Cette personnalisation, pardon, s’effectuera dans des camps qui feront office de gros points de sauvegarde, et concernera de même les compétences propres à Lara, divisées en trois catégories : survivant, chasseur et castagneur. Un petit côté RPG pas inintéressant si l’on se prend suffisamment au jeu pour explorer tous les recoins de la carte, à la recherche de documents, reliques et autres secrets. Toujours partante pour s’étirer les muscles, Lara s’essaiera aussi à la grimpette, à la manière du I Am Alive d’Ubisoft, et c’est au gré de vos vagabondages que vous tomberez peut-être sur des tombeaux facultatifs. Ceux-ci sont l’équivalent de quêtes annexes et vous demanderont de résoudre une énigme par salle pour obtenir le droit d’ouvrir un énorme coffre piqué à The Legend of Zelda. D’une difficulté légèrement plus retorse que les phases dites obligatoires, ces tombeaux facultatifs n’ont toutefois pas pour vocation à vous retenir très longtemps, mais on les dévore avec passion pour finalement regretter qu’il y en ait si peu dans tout le jeu (moins de dix).

En exceptant les combats qui compteront pour beaucoup dans vos Game Over (ces mots n’apparaîtront d’ailleurs jamais à l’écran pour ne pas ajouter à l’énervement) et quelques énigmes qui vous demanderont de cogiter quelques secondes de plus que les autres, vous n’aurez pour ainsi dire jamais l’occasion d’être mis à l’épreuve par le jeu. On a en effet la sensation de progresser (avec plaisir, hein) simplement en avançant, sans forcément réfléchir, en suivant la « ligne » tracée (le syndrome Enslaved). D’autant plus que Tomb Raider instaure une aide visuelle appelée « Instinct de survie » : s’enclenchant via la touche LB, elle rend votre vision noire et blanche en illuminant les éléments, vivants ou non, avec lesquels vous pouvez interagir. Pratique. Notons également l’absence de barre de vie, les bords de l’écran adoptant une teinte sang si vous venez à subir le feu ennemi, et vous isoler dans un coin tranquille quelques instants suffira à guérir de vos blessures. Un choix de design toujours discutable. Le problème n’étant pas tant l’accessibilité du jeu que le manque de vrais challenges, d’une intrigue qui aurait justifié cet abreuvage de cut-scenes.

Tu frissonnais au coin du feu, souviens-toi.

Privilégier l’action à l’outrance, pourquoi pas; c’est très beau, sûrement, mais sans aucune action, dialogue ou coup de théâtre capable de nous marquer au fer rouge, de rendre cultes ces paysages pourtant confondants de splendeur. Tomb Raider sonne par conséquent un peu creux. On ne dira pas du personnage de Lara qu’il rayonne de classe, tout au plus le qualifierons-nous d’improbable au regard de toutes les épreuves que Miss Croft traverse en donnant l’impression d’avoir été mise au courant par les développeurs qu’elle terminera l’aventure en vie. Pas besoin donc de vouloir lui éviter de s’en prendre plein la tête, elle s’en chargera très bien toute seule. La tension (de se faire repérer) est toutefois là, même si elle a changé de camp. Je n’oublie pas d’évoquer les QTE dont les premiers, punitifs, sont responsables de mes premières morts. À moins de savoir à l’avance qu’il faudra toujours appuyer sur le même bouton (Y), le timing est trop serré pour réussir du premier coup. Le jeu se permet même, au bout d’un moment, de ne plus afficher les touches à actionner en préférant ralentir l’action pour vous faire comprendre que là, il faut agir.

Resident Evil 5. Chris Redfield sans ses stéroïdes. Eh ouais.

Un petit paragraphe sur la partie sonore maintenant. Les musiques, à défaut de rester dans les esprits, s’intègrent plutôt bien dans le jeu. Pendant les combats, elles adopteront un caractère tribal et ne se concluront que lorsque vous serez venu(e) à bout de tous les ennemis présents dans la zone. Une fois qu’on le sait, on guette chaque fin de morceau avec impatience. Sinon, la plupart du temps, la bande originale se voudra orchestrale, discrète et ponctuelle. Un boulot correct réalisé à ce niveau. Quant aux voix françaises, elles m’ont globalement paru convaincantes (même si certaines se répètent, mais comme il y a Patrick Borg au casting, je savoure et je me tais), au contraire de celle de Lara (que l’on doit à Alice David) dans laquelle je n’ai pas retrouvé le charme british de l’aventurière. Dommage car elle parle beaucoup.

Je regrette que Crystal Dynamics n’ait pas laissé aux joueurs le temps et la possibilité de faire corps avec Lara, en faisant d’eux des héros inarrêtables tel le Terminator aux fesses si rebondies qui leur sert d’avatar. Et pourtant, en près de quinze heures de jeu, il y avait la place pour les impliquer encore davantage dans l’aventure qui a au moins pour elle d’être très plaisante à regarder. Alors, pour faire simple, Tomb Raider, ça se joue de préférence en V.O. sous-titrée et en mode Difficile, pour se donner la chance d’être à la hauteur de la machine à donner et subir des coups qui sévit devant nos yeux. Et si ça ne marche pas, tant pis pour les souvenirs mémorables et tant mieux pour le pop corn.

L’avis de Kary, internaute : fan de la petite Lara depuis ses premières aventures sur PS1, inconditionnelle de tous les opus, j’ai été aux anges de voir un nouvel épisode arriver sur PC. Lara a grandi graphiquement avec un gameplay souple. Le plus marquant : on découvre une Lara devenue guerrière. Ce jeu est une friandise, comme un excellent bouquin d’aventure dont on tourne les pages doucement pour éviter qu’il ne se termine trop vite. On dévore chaque passage du jeu. Les décors sont magnifiques, musiques d’ambiance et jeu totalement immersifs. Facile en mode normal ! Ça reste un régal pour se mettre dans la peau de Lara. Dans l’ensemble le jeu est fun, riche (des armes améliorables, des compétences à débloquer, des documents, des reliques, des défis d’exploration…) et en tant que fille j’ai « kiffé » me perdre quelques heures dans cet univers ! Seul petit point négatif : le jeu pour des grands joueurs est un peu court. En un mois de jeu intensif, je l’avais terminé !