Génie de la physique fondamentale des années 30, Ettore Majorana disparait mystérieusement à l’âge de 31 ans. Prophète de la physique, le personnage n’a jamais cessé de fasciner ceux qui l’ont rencontré, et pourtant ce grand marginal a vécu dans une très grande solitude. Le mystère qui entoure sa disparition n’a à ce jour jamais cessé de passionner les foules. Scientifiques, journalistes, philosophes, tous ont leur hypothèse sur la question. Dans un livre qui mêle fiction et témoignages réels, Anne-Marie Cambon nous livre sa propre enquête.
Editions Dialogues, 360 pages
24 euros
Anne-Marie Cambon, née en 1949, professeur de lettres jusqu’en 2000, est passionnée par les sciences et leur histoire. C’est ce qui la mène à enquêter sur la disparition de Majorana et à élaborer ce roman, qui mêle adroitement fiction et témoignages historiques.
Voilà un roman plein de qualités, mais dans lequel j’ai eu beaucoup de mal à entrer, notamment à cause des nombreux passages sur les travaux principaux d’Ettore Majorana. Bien que je comprenne leur nécessité pour la suite de l’histoire, j’ai trouvé ces pages très laborieuses à lire, n’étant moi-même ni particulièrement douée ou intéressée par la physique. Pourtant, on ne peut pas reprocher à l’auteur de ne pas faire de gros efforts pour simplifier les raisonnements.
Cependant, cet aspect dépassé, on fini (et apparemment comme tous ceux qui ont approché Ettore Majorana de près comme de loin) par s’intéresser au mystère qui entoure ce personnage. L’auteur dévoile avec beaucoup d’intelligence les différents aspects de la vie, de l’histoire et de la psychologie de ce personnage fascinant.
Au-delà de la disparition de Majorana se dessine le destin des européens au temps de la seconde guerre mondiale. On sent bien l’investissement de l’auteur pour cette période, et pas une seconde on n’a l’impression de lire un livre bâclé.
Cependant, au-delà de l’intérêt historique, on note hélas des qualités narratives assez faibles. Les dialogues sont bruts, et il est parfois bien difficile de s’y retrouver dans les conversations, déjà ardues à suivre de par leur contenu. Et surtout, ce qui me semble au final le plus dérangeant, c’est qu’en dehors des nombreuses personnalités réelles mentionnées, les personnages fictifs manquent singulièrement de consistance. Au début la transparence de l’enquêteur m’est apparu comme une qualité, permettant au lecteur de devenir l’enquêteur à son tour, et prenant ainsi une place active dans la recherche de Majorana. Cependant, les chapitres défilant et l’histoire personnelle des protagonistes devenant particulière, j’aurais aimé être plus à même de m’en faire une image mentale. Or ils ne sont pas seulement insaisissables (ce qui peut tout à fait avoir son charme), mais à la limite de l’insipide.
Un roman intéressant, bien qu’il me semble qu’elle soit un rien trop spécialisée. Mais les amateurs de physique devraient y trouver leur compte.