Le site MonPotager.com permet aux internautes de cultiver leur potager à distance et de recevoir leur récolte chez eux. Entretien avec Thierry Desforges, le créateur de ce concept.

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[So What?] Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours?
[Thierry Desforges] J’ai 34 ans, je suis entrepreneur et agriculteur. J’ai suivi une formation agricole complétée par le mastère spécialisé en marketing management de l’Essec. J’ai travaillé un peu plus de 10 ans dans différents groupe positionnés en amont et en aval de l’agriculture, et j’étais dernièrement responsable marketing France et Benelux pour un groupe international spécialisé dans la santé des plantes.

[SW] Comment a germé l’idée de MonPotager.com?
[TDE] Lorsqu’on grandi dans une ferme, on dit que la terre nous colle aux pieds. Je crois que l’expression est bien choisie, et je fais partie de cette nouvelle génération de jeunes agriculteurs, convaincus que l’agriculture de demain est innovante, « propre », « smart » et connectée aux consommateurs. J’avais envie de travailler tous ces concepts en même temps, et d’offrir aux citadins un petit bout de nature, un petit carré de potager, comme s’ils y étaient.

[SW] Peut-on revenir sur le concept de votre site?
[TDE] MonPotager.com a l’ambition de révolutionner l’approche des citadins vis-à-vis de leur consommation de primeurs grâce au concept du DYI « DO IT YOURSELF ». Le concept dont l’approche se veut ludique et accessible à tous, peut se résumer en 3 étapes :

  1. Je plante ma parcelle des fruits et légumes de mon choix
  2. J’observe mes cultures pousser au fil des saisons, et je reçois régulièrement des notifications donnant des infos sur mes cultures
  3. Je récolte ma parcelle quand les légumes sont mûrs à point, et je me fait livrer dans mon point relais le plus proche

[SW] MonPotager.com fonctionne pour le moment à Paris et Lyon. Imaginons que je sois Aixoise, puis-je d’ores et déjà recevoir des légumes?
[TDE] Si vous êtes Aixoise, vous avez déjà le soleil et la mer (rires), il vous faudra encore patienter un peu pour cultiver votre parcelle sur MonPotager.com, car nous essayons de respecter le plus possible l’origine locale des producteurs. Nous pensons que d’ici l’année prochaine, nous aurons ouvert 3 à 4 nouvelles villes, dont Aix-Marseille.

[SW] Qui se cache derrière MonPotager.com?
[TDE] C’est avant tout une entreprise familiale, qui s’est organisée autour de son fondateur, Thierry Desforges.

Photo Thierry MPPC

[SW] Où sont situées les exploitations agricoles?
[TDE] Les exploitations agricoles des producteurs sont situées à proximité des lieux de consommation, c’est un vrai concept de circuit court et d’agriculture locale, particulièrement prisé par le mouvement locavore.

[SW] Donnez-vous des conseils sur la saisonnalité des productions ou bien l’internaute choisit-il par lui-même les produits qu’il souhaite cultiver?
[TDE] La parcelle est pré-découpée en 3 espaces : légumes d’hiver, légumes d’été et fruits. Lorsque l’ageekculteur (ndlr : le nom donné aux internautes cultivant leur potager en ligne) a choisi la taille de sa parcelle initiale (15, 40 ou 75 m²), il ne lui reste plus qu’à planter ses espèces dans les carrés réservés. Et l’équilibre entre les 3 types de culture est respecté. Parallèlement, il existe une fonction pour planter sa parcelle en 1 clic, qui permet de voir son potager se remplir tout seul, avec des espèces et des variétés pré-sélectionnées.

[SW] Proposer de cultiver soi-même son potager depuis son ordinateur, une façon d’encourager davantage de monde à devenir éco-responsable?
[TDE] Je pense qu’être éco-responsable, c’est avant tout vivre dans un univers que l’on comprend, ce afin de pouvoir juger avec objectivité les pratiques des uns et des autres. Pour ce qui est de l’éco-responsabilité et de la consommation de fruits et légumes, tout dépend de ce qu’on souhaite mettre derrière le concept ? c’est une boite de pandore ! Si le producteur n’est pas responsable (il y en a peu !), alors oui, ce n’est pas éco-responsable, mais ce n’est pas beaucoup mieux de consommer des fruits et légumes bio qui viennent de l’étranger (70% de l’offre de fruits et légumes bio n’est pas d’origine France). Il y a donc matière à communiquer, et à expliquer les choses aux consommateurs, telles qu’elles sont dans la réalité.

[SW] Que diriez-vous à quelqu’un qui hésite encore à devenir locavore?
[TDE] Si le terme est récent, le concept est éprouvé ! Manger local, c’est avant tout manger Français,  et surtout de saison ! En effet, il serait utopique de penser que l’on puisse nourrir 12 millions de franciliens à partir simplement des surfaces agricoles restantes en région parisienne. Il est donc important que le plus grand nombre soit capable de faire le choix de l’agriculture locale, tout en conservant un choix suffisamment vaste de produits différents. Manger local, c’est l’assurance de la qualité, de la traçabilité et bien souvent… du goût… Et pour ceux qui hésitent encore, n’oubliez pas que l’agriculture française créé des emplois, beaucoup d’emplois ! 

[SW] Quels sont les futurs axes de développements de MonPotager.com?
[TDE] Fin septembre, le site soufflera sa première bougie ! Après une année consacrée au développement du site, il est temps désormais de nous rapprocher encore plus de nos producteurs, et de développer pour eux des outils pour mieux suivre les cultures des clients. Un projet passionnant est d’ailleurs né d’un partenariat avec la société Parrot, portant sur un appareil permettant de suivre une plante en live et pendant toute l’année, à partir de son smartphone… Nous espérons également offrir nos services dans de nouvelles villes françaises (Lille, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Montpellier,…). A suivre…

[SW] Merci Thierry de nous avoir consacré du temps et bonne continuation !